Etats-Unis: El Chapo, l'un des plus grands barons de la drogue, fixé sur son sort mercredi

Les textes sont formels. Le juge fédéral Brian Cogan, qui a présidé le procès fleuve d'El Chapo entre novembre et février, doit prononcer mercredi la réclusion à perpétuité, rendue automatique par les chefs dont le narcotrafiquant a été reconnu coupable le 12 février.
Les textes sont formels. Le juge fédéral Brian Cogan, qui a présidé le procès fleuve d'El Chapo entre novembre et février, doit prononcer mercredi la réclusion à perpétuité, rendue automatique par les chefs dont le narcotrafiquant a été reconnu coupable le 12 février.

Pas de suspense cette fois pour le narcotrafiquant mexicain Joaquin Guzman, alias "El Chapo". Il devrait être condamné mercredi à New York à la prison à vie, signant la fin d'un feuilleton de plus de quarante ans. Considéré comme le narcotrafiquant le plus puissant depuis la fin du règne du Colombien Pablo Escobar, en 1993, Joaquin Guzman, aujourd'hui âgé de 62 ans, a acheminé aux Etats-Unis au moins 1200 tonnes de cocaïne sur un quart de siècle.

Les trois mois d'audience du procès ont permis de brosser le tableau le plus détaillé à ce jour de l'organisation du cartel de Sinaloa et de l'existence aussi terrifiante que rocambolesque de Joaquin Guzman.

"Chef impitoyable et sanguinaire"

"Les preuves accablantes présentées lors du procès ont montré que (Joaquin Guzman) était le chef impitoyable et sanguinaire du cartel de Sinaloa", qu'il a co-dirigé entre 1989 et 2014, a écrit le bureau du procureur fédéral de Brooklyn, Richard Donoghue, dans son réquisitoire avant le prononcé de la peine.

Durant le procès, l'accusation a montré que le Mexicain avait ordonné l'assassinat ou mis lui-même à mort au moins 26 personnes - parfois après les avoir torturées - qui étaient informateurs, trafiquants issus d'organisations rivales, policiers, collaborateurs voire même des membres de sa propre famille. Au moins une victime, dont le procureur a simplement indiqué qu'elle avait survécu à une tentative de meurtre commanditée par Joaquin Guzman, devrait s'exprimer mercredi, avant la condamnation.

Le trafic de drogue continue

Face à la multiplication des chefs d'accusation, la perpétuité ne satisfait pas les autorités qui ont réclamé, dans leur réquisitoire, l'ajout d'une peine supplémentaire de trente années de réclusion pour usage d'armes automatiques. Elles réclament aussi la saisie de 12,6 milliards de dollars ce qui correspond, selon elles, aux gains tirés du trafic de drogue. A ce jour, la justice américaine n'en a pas vu le moindre centime.

"La peine demandée par l'Etat, soit la perpétuité assortie de trente ans est une blague", a estimé l'avocat de Joaquin Guzman, Eduardo Balarezo. "La condamnation et l'incarcération de Joaquin (...) ne vont rien changer à la guerre contre la drogue."

Bridget Brennan, la procureure spéciale de New York en charge des stupéfiants, a reconnu que la mise hors circuit d'"El Chapo" n'avait pas amoindri l'influence du cartel de Sinaloa.

"Nous pensons que c'est le cartel qui est responsable de l'acheminement de la plupart de la drogue qui entre aux Etats-Unis", a-t-elle expliqué.

Une peine dans la prison la plus sûre des Etats-Unis

Mercredi, lors de l'audience, Joaquin Guzman pourrait voir pour la dernière fois son épouse et ses deux filles, qui ne sont pas autorisées à lui rendre visite.

Le narcotrafiquant, qui s'est déjà évadé à deux reprises de prisons mexicaines, en 2001 et en 2015, devrait purger sa peine à l'Administrative Maximum Facility, un établissement situé au milieu de nulle part, à Florence dans le Colorado. Surnommée l'"Alcatraz des Rocheuses", la prison est considérée comme la plus sûre des Etats-Unis et abrite plusieurs détenus célèbres comme Terry Nichols (complice dans l'attentat d'Oklahoma City) ou le Français Zacarias Moussaoui, qui a participé à la préparation des attentats du 11-Septembre. "Une version aseptisée de l'enfer", titrait l'émission "60 Minutes" de la chaîne CBS en 2007.