L'armée algérienne reste fidèle au président Bensalah, après l'expiration du délai d'interim

Le chef d'état-major de l'armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah, a renouvelé, mercredi, le soutien de l'institution militaire au président Abdelkader Bensalah, dont la période d'intérim aurait dû s'achever la veille.
Le chef d'état-major de l'armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah, a renouvelé, mercredi, le soutien de l'institution militaire au président Abdelkader Bensalah, dont la période d'intérim aurait dû s'achever la veille.

Le chef d'état-major de l'armée en Algérie, Ahmed Gaïd Salah, a réaffirmé, mercredi 10 juillet, le soutien de l'institution militaire au président Abdelkader Bensalah, dont l'intérim aurait dû s'achever mardi selon la Constitution mais qui reste à la tête de l'État en l'absence d'élection présidentielle.

"Le dernier message du chef de l'État" constitue une "approche raisonnable et sensée" pour "sortir le pays de sa crise", a déclaré le général Gaïd Salah dans un discours prononcé lors d'une cérémonie officielle et retranscrit par le ministère de la Défense. "Autant que nous encourageons et soutenons son contenu, nous considérons sa démarche comme une des étapes importantes à franchir sur la voie de la résolution appropriée de cette crise."

À ce titre, il a réitéré le souhait de l'armée de la tenue d'une présidentielle "dans les plus brefs délais, à travers l'adoption de la voie du dialogue national".

Abdelkader Bensalah propose un "dialogue"

Dans un discours à la Nation, le 3 juillet, Abdelkader Bensalah a proposé un "dialogue" pour préparer le scrutin présidentiel dans lequel ni les autorités politiques ni l'armée ne seraient selon lui impliquées.

Cette proposition n'a pas calmé les manifestants, qui ont de nouveau défilé le lendemain dans les grandes villes du pays pour un 20e vendredi consécutif, en réclamant le départ de tous les anciens fidèles du président déchu Abdelaziz Bouteflika. Elle est intervenue six jours avant la fin supposée de l'intérim assuré par Abdelkader Bensalah, au terme des 90 jours écoulés depuis sa désignation.

>> À voir aussi : La genèse de l'hymne des manifestants algériens "La Casa del Mouradia"

L'ancien président du Sénat a toutefois été de facto prolongé à ce poste, pour une durée indéterminée, du fait de l'annulation de la présidentielle prévue le 4 juillet: aucun candidat n'a été retenu pour ce scrutin rejeté par la contestation.

Depuis la démission forcée d'Abdelaziz Bouteflika le 2 avril sous la pression de la rue et de l'armée, c'est toutefois le général Gaïd Salah qui est devenu l'homme fort du pays.

Ahmed Gaïd Salah met en garde

Dans son discours de mercredi, il a explicitement mis en garde ceux qui cherchent à faire croire que l'Algérie n'est pas - ou plus - un "État civil", en référence à l'un des slogans des manifestants.

Les "slogans mensongers, (...) comme réclamer un État civil et non militaire", constituent "des idées empoisonnées (...) dictées par des cercles hostiles à l'Algérie et à ses institutions", a argué Ahmed Gaïd Salah.

"Tous les efforts qu'a consentis l'institution militaire jusque-là sont des efforts qui respectent essentiellement l'intérêt suprême de la patrie", a-t-il ajouté.

À ce titre, l'armée considère que la prochaine présidentielle sera "le premier fruit constitutionnel et légal" devant apporter les "solutions" aux "problèmes" du pays, a-t-il noté.

Le général Gaïd Salah a, par ailleurs, adressé une "sérieuse mise en garde" à ceux qui mènent des campagnes visant à "remettre en cause toute action qu'entreprend l'institution militaire" pour résoudre la crise.

Dans la matinée, environ 200 personnes ont observé un sit-in devant la cour d'appel d'Alger en soutien aux manifestants incarcérés pour avoir brandi l'emblème berbère, interdit par M. Gaïd Salah, et à Lakhdar Bouregaâ, un célèbre vétéran de la guerre d'indépendance écroué le 30 juin pour notamment "atteinte au moral des troupes", selon un photographe de l'AFP.

Les manifestants affichaient notamment des tee-shirts portant l'inscription "libérez Bouregaâ", dont la demande de remise en liberté était examinée par la chambre d'accusation.

Plus de 30 manifestants sont actuellement emprisonnés à Alger pour avoir contrevenu à l'interdiction du drapeau culturel amazigh (berbère) dans les manifestations.