Coronavirus : en Afrique, le pire est à venir

Sur le continent africain, la crainte d'une propagation rapide de l'épidémie se fait chaque jour plus vive. En Afrique du Sud, le nombre de personnes contaminées a franchi la barre des 200. Les autorités sanitaires mondiales ont appelé l'Afrique à « se réveiller » face à cette menace.
Sur le continent africain, la crainte d'une propagation rapide de l'épidémie se fait chaque jour plus vive. En Afrique du Sud, le nombre de personnes contaminées a franchi la barre des 200. Les autorités sanitaires mondiales ont appelé l'Afrique à « se réveiller » face à cette menace.

Si l'Europe est aujourd'hui le continent le plus touché par l'épidémie de nouveau coronavirus, le pire est à craindre sur le continent africain.

Ce sont les mots du patron de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Adhanom Ghebreyesus. « Le meilleur conseil à donner à l'Afrique est de se préparer au pire et de se préparer dès aujourd'hui », a-t-il mis en garde cette semaine.

En Afrique, le virus s'est propagé bien plus tardivement qu'en Asie ou qu'en Europe, via des voyageurs venus de Chine et du vieux continent. La première personne infectée en Afrique l'a été tout récemment, vendredi dernier, au Kenya.

Mais désormais, 34 pays africains font état de plus de 900 cas de contaminations. La crainte d'une propagation rapide de l'épidémie se fait chaque jour plus vive, avec plusieurs foyers épidémiques constatés, notamment au Maghreb et en Afrique du Sud.

Qualifié d'« ennemi de l'humanité » par l'OMS, le Covid-19 pourrait être dévastateur sur ce continent où des millions de personnes n'ont pas les armes les plus basiques contre le virus, l'eau courante et le savon, et où les systèmes de santé manquent cruellement de moyens.

200 cas en Afrique du sud

En Afrique du Sud, même si seulement 200 cas sont pour l'instant recensés, la progression de la maladie est si rapide que 60 % des 56 millions d'habitants pourraient être à terme contaminés, estiment les autorités. Etant données les conditions de vie misérables et les structures de santé dans de nombreuses villes et townships, cela pourrait provoquer une hécatombe.

Parmi les mesures prises pour enrayer l'épidémie, le gouvernement sud-africain a fermé ses frontières mercredi aux citoyens des pays les plus infectés par la pandémie, notamment l'Europe et les Etats-Unis.

« Si des pays comme l'Afrique du Sud, qui a l'un des systèmes les plus développés de la région aussi bien dans les secteurs public que privé redoutent […] une explosion des cas graves, ça va effectivement être difficile », a pronostiqué jeudi son patron régional, Matshidiso Moeti.

Deux morts en Afrique subsaharienne

Plus au nord, un patient âgé de 50 ans qui avait récemment voyagé en France est mort au Gabon des suites d'une infection par le Covid-19. Cela porte à deux les décès recensés en Afrique subsaharienne, après un premier cas rapporté au Burkina Faso. 

Dans la foulée, le gouvernement gabonais a annoncé l'interdiction de tous les vols passagers nationaux et internationaux, sauf en cas de force majeure.

En Afrique subsaharienne, 63 % des habitants des zones urbaines (258 millions de personnes) ne peuvent pas se laver les mains, selon l'Unicef.

Limitation des rassemblements religieux au Sénégal et au Nigeria

 

Au Sénégal, les mosquées de la capitale Dakar et de sa région sont restées fermées vendredi. Les autorités ont longtemps hésité avant de donner l'ordre d'y interdire la prière collective, décision controversée dans ce pays musulman à près de 95 %.

Au Nigeria, les autorités ont ordonné jeudi la « limitation » des rassemblements à 50 personnes et des mesures de distanciations sociales dans la mégapole tentaculaire de Lagos et ses 20 millions d'habitants. Ces mesures s'annoncent extrêmement difficiles à mettre en place dans une ville où la grande majorité de la population dépend de l'économie informelle et où les rassemblements religieux, à l'église ou à la mosquée, attirent parfois des dizaines de milliers de personnes.

Le Nigeria a pour l'instant recensé moins de dix cas, mais on peut craindre une propagation fulgurante dans le pays le plus peuplé d'Afrique, avec 200 millions d'habitants.

Sept cas au Kenya, fermeture des bars le soir

De son côté, le Kenya, qui n'a pour l'heure rapporté que sept cas d'infection, a annoncé la fermeture des bars à compter de lundi prochain à partir de 19 h 30 et une stricte limitation du nombre de clients dans les supermarchés. Ces décisions « détermineront si la crise se développe avec de graves conséquences humaines et économiques ou si les effets de cette maladie resteront limités », a commenté le ministre kenyan de la Santé, Mutahi Kagwe.

Enfin, même si aucun cas n'a encore été rapporté sur leur sol, le Mozambique et l'Angola ont annoncé la fermeture de leurs frontières et interdit les réunions publiques d'importance.