Intelligence artificielle : l’Afrique sous haute convoitise

L’accès au cloud et au big data permet l’émergence, en Afrique, d’applications grand public s’appuyant sur l’intelligence artificielle. Une créativité convoitée par les géants d’Internet et des télécoms, tel Google, qui ouvre son premier centre de recherche au Ghana.
L’accès au cloud et au big data permet l’émergence, en Afrique, d’applications grand public s’appuyant sur l’intelligence artificielle. Une créativité convoitée par les géants d’Internet et des télécoms, tel Google, qui ouvre son premier centre de recherche au Ghana.

Quillinah, 12 ans, est élève au Bethlehem Community Center School dans le bidonville kényan de Kayole ; Keberte Tsegaye, bientôt trentenaire, travaille comme docteure à l’hôpital public ALERT ­d’Addis-Abeba, en Ethiopie ; Slim Fendri, jeune quinquagénaire, produit de l’huile d’olive dans la vallée tunisienne de Maknassi. Ces trois citoyens du continent africain ont, depuis quelques semaines, un point commun : ils se font aider dans leur vie quotidienne par une intelligence artificielle (IA)… sans forcément le savoir.

Quillinah utilise, chaque soir après ses cours, l’application M-Shule, un soutien scolaire personnalisé, par SMS, alliant intelligence artificielle, neurosciences et psychologie cognitive. Smartphone en main, Keberte Tsegaye profite, elle, de sa pause-déjeuner à l’hôpital pour suivre sur Facebook Messenger les cours de français du robot conversationnel LangBot. Sa langue maternelle est l’amharique. Quant à Slim Fendri, ce pionnier de l’huile d’olive bio, il teste, ­depuis mai, Phyt’eau, un système d’irrigation intelligent pour économiser l’eau tout en optimisant la qualité d’huile de ses oliviers octogénaires.

Nous aurions pu ajouter à cette liste – non ­exhaustive – une future maman camerounaise : l’application GiftedMom, déjà utilisée par 100 000 femmes au Cameroun, se sert depuis ­novembre 2017 d’un algorithme intelligent pour répondre à distance aux questions des femmes pendant leur grossesse. Ou encore un bébé nigérian : l’application Ubenwa a été imaginée pour ­détecter de possibles signes de détresse respiratoire, cause de 900 000 décès chaque année dans le monde. De premiers tests cliniques vont être ­menés, à partir de juillet, dans un cadre hospitalier.

Ces cinq usages mobiles racontent une nouvelle réalité africaine : « Nous vivons un moment de basculement », observe le Tunisien Mehdi Khemiri, « serial entrepreneur » dont la dernière start-up, ­Favizone, propose un robot conversationnel qui conseille les consommateurs...