Arrivée d’Ebola dans la ville de Goma : la communauté internationale en état d’alerte

Un premier cas de fièvre hémorragique Ebola enregistré à Goma, une ville d’un million d’habitants, attise les craintes d’une nouvelle flambée de l’épidémie qui sévit depuis un an au nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC).
Un premier cas de fièvre hémorragique Ebola enregistré à Goma, une ville d’un million d’habitants, attise les craintes d’une nouvelle flambée de l’épidémie qui sévit depuis un an au nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC).

Pour la première fois depuis l’irruption il y a un an du virus Ebola dans l’est de la République démocratique du Congo, un cas est apparu dans une métropole, à Goma. L’épidémie a déjà fait plus de 1 600 morts.

Le malade est un homme arrivé dimanche 14 juillet au matin “par bus en provenance de Butembo” à 300 kilomètres au nord de Goma, l’un des principaux foyers de la maladie dans la province du Nord-Kivu. Le gouverneur “appelle la population à garder son calme”, explique le site d’actualité congolais Actualité.cd qui relaye les informations des autorités sanitaires du pays. Dans un climat d’insécurité et de défiance envers les humanitaires, le combat est inédit. Deux agents de la riposte contre Ebola ont été assassinés ce week-end, rappelle encore le site.

C’est l’heure de déclarer Ebola comme une urgence sanitaire, titre le Washington Post dans une tribune signée Ronald A. Klain, coordinateur à la Maison-Blanche pour la réponse à l’épidémie d’Ebola en 2014-2015. “Il est temps pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) d’élever le niveau global d’alerte et de signaler aux États, en particulier les États-Unis, qu’ils doivent muscler leur réponse[financière]”.

À trois reprises au cours des derniers mois l’OMS n’a pas jugé que la maladie constituait une “urgence de santé publique de portée internationale”, en vertu des critères établis par le règlement sanitaire international. Pourtant “la maladie a depuis passé la frontière avec l’Ouganda” et à l’heure actuelle, “rien n’exclut la possibilité d’une flambée à Goma, avec son million d’habitants et son aéroport international, ou d’une arrivée de la maladie dans les gigantesques camps de réfugiés sud-soudanais – une catastrophe dans l’un ou l’autre cas, en plus d’un début de pénurie de vaccins.

“L’épidémie est sur le point d’échapper à tout contrôle”

Dans des propos rapportés par The Guardian, la semaine dernière, le Secrétaire d’État britannique à l’aide humanitaire Rory Stewart avait appelé lui aussi l’agence onusienne à déclencher l’alerte sanitaire internationale dès son retour d’une visite dans les centres de soins congolais. Il déclarait que “l’épidémie est sur le point d’échapper à tout contrôle” et pointait notamment du doigt la France pour son niveau d’engagement “étonnamment faible”.

Le dirigeant de l’OMS Tedros Ghebreyesus a convoqué ce 15 juillet une réunion de haut niveau afin de remobiliser le soutien politique et financier de la communauté internationale face à la deuxième épidémie d’Ebola la plus meurtrière après celle qui avait décimé 11 000 personnes en Afrique de l’Ouest (Guinée, Liberia et Sierra Leone) en 2014. Cité par Reuters depuis la Suisse, il déclare : “Le premier cas d’Ebola dans la ville de Goma risque fort de changer la donne dans la propagation de l’épidémie.”