Des manifestations contraignent le président Ramaphosa à rentrer en Afrique du sud

Le président Cyril Ramaphosa a été obligé de rentrer précipitamment dans son pays, vendredi, alors qu'il assistait à un sommet à Londres, en raisons de violentes manifestations dans la province du Nord-Ouest.
Le président Cyril Ramaphosa a été obligé de rentrer précipitamment dans son pays, vendredi, alors qu'il assistait à un sommet à Londres, en raisons de violentes manifestations dans la province du Nord-Ouest.

Le président d'Afrique du SudCyril Ramaphosa a quitté précipitamment un sommet du Commonwealth à Londres pour rejoindre vendredi 20 avril son pays où de violentes manifestations font rage. La police sud-africaine a tiré des balles en caoutchouc contre des manifestants qui protestent contre la corruption et le manque de services publics dans la province du Nord-Ouest.

Depuis plusieurs jours, la ville de Mahikeng, chef-lieu du Nord-Ouest, est le théâtre de pillages et d'incendies. Au moins 23 personnes ont été interpellées, selon la police. Une personne aurait été tuée jeudi, selon la chaîne d'informations eNCA, mais la police n'a pas confirmé cette information.

Pour tenter de dénouer la crise, Cyril Ramaphosa s'est rendu sur place, où il a notamment appelé au calme, après plus de six heures d'entretiens avec la direction locale du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC). "Nous lançons un appel au retour au calme, pendant que nous nous employons à résoudre cette question", a-t-il déclaré à la télévision, lors d'une allocution au cours de laquelle il a souligné qu'il avait compris que les manifestants exigeaient la démission du Premier ministre régional, membre de l'ANC, ainsi que des mesures contre la corruption et pour une bonne gouvernance.

Premier défi

"Il s'agit de sujets sérieux", qui méritent une consultation en profondeur, au sein du parti et du gouvernement, a promis Cyril Ramaphosa. "Nous allons agir aussi vite que possible pour apporter une réponse à tous les problèmes qui ont été évoqués."

Il s'agit de l'un des premiers défis de taille auxquels est confronté le nouveau président Ramaphosa, au pouvoir depuis février. Il a fait de la lutte contre la corruption une de ses priorités, alors que son prédécesseur, Jacob Zuma, a été contraint de démissionner en raison des nombreux scandales dans lesquels il est embourbé.

Vendredi, les écoles, magasins et services publics de Mahikeng sont restés fermés. De la fumée noire s'échappait toujours d'un township, ont constaté des journalistes de l'AFP. "Beaucoup de magasins ont été pillés, des boutiques appartenant à des étrangers ont été saccagées dans notre quartier. Malheureusement il n'y avait pas assez de policiers" pour empêcher ces débordements, témoigne un pasteur de 43 ans.

Le Botswana réagit

Les manifestations ont éclaté cette semaine après la mort de deux personnes qui s'étaient vu refuser des soins dans une clinique à cause d'une grève. Les habitants en colère protestent contre le manque de services publics et exigent la démission du Premier ministre de la province, Supra Mahumapelo, qu'ils accusent de corruption.

En raison des violences dans le Nord-Ouest, les autorités du Botswana voisin ont décidé de fermer leur poste-frontière avec l'Afrique du Sud près de Mahikeng.

Ces manifestations soulignent les faillites de la "nation arc-en-ciel", vingt-quatre ans après l'avènement de la démocratie et l'élection du premier président sud-africain noir Nelson Mandela. Dans de nombreux quartiers du pays, l'accès à l'eau et l'électricité restent rares, les logements précaires et les ordures s'entassent.