La justice israélienne suspend un plan massif d’expulsion d’Africains

Jeudi 15 mars, la Cour suprême a mis un coup d’arrêt temporaire à la volonté du gouvernement d’expulser des milliers d’Érythréens et de Soudanais entrés illégalement dans le pays. Une décision saluée par les organisations de défense des migrants.
Jeudi 15 mars, la Cour suprême a mis un coup d’arrêt temporaire à la volonté du gouvernement d’expulser des milliers d’Érythréens et de Soudanais entrés illégalement dans le pays. Une décision saluée par les organisations de défense des migrants.

“Il est incompréhensible que l’État d’Israël puisse envisager de renvoyer des milliers de réfugiés”, a réagi le mouvement Stop the Expulsion après la décision de la Cour suprême, selon un communiqué cité par Yediot Aharonot. “Nous espérons que cette mesure [de suspension temporaire] aboutira à terme à un arrêt total des expulsions.”

“Cette décision doit […] faire comprendre au gouvernement israélien qu’il doit changer de politique”, insiste un porte-parole d’une autre organisation de défense des migrants.

La cour de justice a donné à l’État jusqu’au 26 mars pour fournir l’argumentaire légal détaillé sur lequel repose sa décision d’expulsion. Le quotidien de Tel-Aviv précise que “l’injonction [de la cour] ne s’appliquera pas à quiconque acceptera de quitter Israël de son plein gré. De plus, l’ordre ne concernera pas les préparatifs de l’expulsion, qui peuvent se poursuivre comme prévu”.

Le départ ou la prison

Annoncé le 3 janvier, le plan d’expulsion du gouvernement suscite de nombreuses critiques. Il prévoit de donner un choix cornélien aux migrants entrés illégalement dans le pays (et qui n’ont pas de demande d’asile en cours d’instruction). Soit partir d’Israël avant le 1er avril avec une somme de 3 500 dollars (2 800 euros), soit se retrouver en prison.

Ces personnes sont majoritairement arrivées après 2007, en passant par le Sinaï égyptien lorsque la frontière avec l’Égypte était poreuse. Les autorités ont depuis pris différentes mesures pour pousser ces migrants à partir. Certains responsables religieux ont même dénoncé cette présence de musulmans et de chrétiens, jugée menaçante pour l’identité juive d’Israël.

Un partisan du plan d’expulsion exprime son mécontentement au journal : “Cette injonction ne repose sur aucune base juridique. […] Nous ne faisons absolument pas confiance à la justice.” Selon le ministère de l’Intérieur israélien, la moitié des 42 000 migrants africains vivant en Israël ne sont pas concernés par cette échéance d’avril. Seuls 300 des migrants concernés ont quitté “volontairement” le pays depuis la décision gouvernementale.