RDC : « Je suis très content d'être ici », Jean-Pierre Bemba

C’est au quartier GB de Kinshasa, dans une résidence de son père feu Jeannot Bemba Saolona, ancien président du patronatcongolais que Jean-Pierre Bemba passera sa première nuit après la prison à la Haye où il aura passé onze ans.

La joie était si grande que l’ancien vice-président ne s’est pas empêché de confier à la presse: « Je suis content d‘être ici ». Content comme ses partisans qui ont été des milliers à l’accueillir.

Mais, auparavant, la tension était rapidement montée lorsque la police, qui encadrait son cortège, a commencé à tirer des gaz lacrymogènes pour disperser la foule compacte.

Mais, auparavant, la tension était rapidement montée lorsque la police, qui encadrait son cortège, a commencé à tirer des gaz lacrymogènes pour disperser la foule compacte.

Le cortège a par la suite accéléré pour terminer sa course au siège du Mouvement de libération du Congo (MLC) devant lequel des milliers de ses partisans sont également réunis, rapporte le site Actualité.cd qui précise en outre que le dispositif sécuritaire est toujours aussi important.

Jean-Pierre Bemba revient en RDC une semaine avant la date-butoir du dépôt des candidatures à l‘élection présidentielle prévue le 23 décembre pour organiser le départ du président Kabila.

Le chef de l’Etat ne peut plus se représenter mais n’a toujours pas désigné de “dauphin” au sein de sa majorité présidentielle.

Pour cette élection à un tour, M. Bemba fait jeu égal avec les deux autres ténors de l’opposition, Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi, selon les intentions de vote d’un sondage présenté mardi par les universitaires du Groupe des experts du Congo. Il plaide pour une “candidature unique” de l’opposition.

En début de matinée, ses partisans ont dénoncé un dispositif policier qui l’aurait empêché selon eux d’aller à la rencontre des Kinois. Mais selon les premiers chiffres avancés par son parti, au moins 20 000 personnes seraient descendus dans les rues de Kinshsa pour l’accueillir.

“Les autorités politiques ont interdit que lui soit réservé un accueil au pied de l’avion. Son véhicule ne devra pas rouler à une vitesse de moins de 40 km/h, sinon la police nationale sera obligée de faire usage de gaz lacrymogène ou tout autre outil à sa disposition pour disperser la population”, avait dénoncé dans un communiqué le Mouvement de libération du Congo (MLC).

Le parti accusait aussi les autorités d’empêcher M. Bemba d’accéder à la résidence familiale qu’il voulait rejoindre “car c’est un périmètre présidentiel”. Elle se trouve près de la résidence du chef de l’Etat Joseph Kabila.

Un “déni de droit d’un citoyen pourtant libre de rentrer tranquillement dans son pays”, avait dénoncé le MLC.

Les pro-Bemba du MLC, désormais de sages parlementaires et non plus des miliciens, rêvaient à voix haute d’“un million de personnes”. Mais ils risquent de faire moins bien que le retour il y a quasiment deux ans jour pour jour de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, qui avait drainé des centaines de milliers de personnes.

Retour dans le fief familial

Depuis ce 27 juillet 2016, les autorités congolaises empêchent tout rassemblement de masse de l’opposition, sur fond de report des élections depuis la fin du deuxième et dernier mandat de M. Kabila le 20 décembre 2016.

M. Bemba retrouve une ville qu’il avait quittée le 11 avril 2007 après des combats meurtriers entre sa milice et l’armée de Kabila (environ 250 morts).

Depuis, l’ex-vice-président et rival malheureux du président Kabila aux élections de 2006 a passé dix ans dans les prisons de la CPI, condamné en juin 2016 à une peine de 18 ans pour des exactions de sa milice en Centrafrique en 2002-2003.

Son acquittement-surprise en juin avait provoqué la joie de ses fidèles dans l’ouest de la RDC et une certaine mansuétude des “Katangais” du pouvoir, qui avaient facilité son retour au pays avec la délivrance d’un passeport diplomatique.

Après son dépôt de candidature jeudi, l’ancien chef de milice compte se rendre samedi dans son fief familial de Gemena (nord-ouest) sur la tombe de son père, un homme d’affaires qui a fait fortune à l‘époque du maréchal Mobutu. C’est d’ailleurs là-bas, dans la province de l’ex-Equateur, qu’il aurait voulu commencer son test de popularité pour son retour au pays – mais il en a été empêché par les autorités.