RD Congo : le procès de l’ex-chef de guerre Bosco Ntaganda touche à sa fin

Accusé de treize crimes de guerre et de cinq crimes contre l’humanité en RD Congo, l'ex-chef rebelle Bosco Ntaganda, qui a plaidé non coupable, encourt jusqu’à 30 ans de prison. La parole est à l'accusation et la défense du 28 au 30 août.
Accusé de treize crimes de guerre et de cinq crimes contre l’humanité en RD Congo, l'ex-chef rebelle Bosco Ntaganda, qui a plaidé non coupable, encourt jusqu’à 30 ans de prison. La parole est à l'accusation et la défense du 28 au 30 août.

C’est un procès qui aura duré près de trois ans. L’accusation et la défense de l’ex-chef de guerre congolais Bosco Ntaganda s’affrontent du mardi 28 août au jeudi 30 août devant la Cour pénale internationale (CPI), qui devra déterminer la culpabilité de celui qui a plaidé non coupable pour treize crimes de guerre et cinq crimes contre l'humanité.

Surnommé "Terminator", Bosco Ntaganda est accusé d'avoir commandité, programmé et planifié des meurtres, pillages et viols d'enfants soldats, commis par ses troupes en 2002-2003 en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). Un conflit qui a coûté la vie à plus de 60 000 personnes selon les ONG.

Bosco Ntaganda aurait également coordonné la logistique et fourni les armes à ses troupes. Les faits qui lui sont reprochés font de ce milicien rwandais de 44 ans "un des commandants les plus importants" lors de crimes "ethniques", selon la procureure de la CPI, Fatou Bensouda.

En Juin 2017, lors de sa prise de parole en tant que premier témoin pour sa propre défense, Bosco Ntaganda s’est présenté comme “un être humain’’ selon son avocat Stéphane Bourgon, ex-officer de l’armée royale canadienne. Il n’est pas “un Schwarzenegger dans son costume de Terminator”, s’est attelé à déconstruire tout le long du procès l’avocat.

Génocide rwandais

Face à ses juges, l'ancien rebelle à la moustache en traits de crayon avait affirmé avoir aidé à mettre fin au génocide rwandais de 1994, où il a "vu des horreurs". Issu d'une famille tutsie de six enfants, il avait confié avoir "perdu beaucoup de membres de (sa) famille" dans le conflit sanglant. "Et je me suis dit : Je ne veux plus qu'aucune autre communauté puisse vivre ce que ma communauté a vécu", avait-il révélé d'une voix faible.

Le plan de la défense au cours du procès était limpide : lisser la réputation de son client. Celle d'un chef de guerre opportuniste et sans pitié au sein des rébellions où il a successivement évolué.

Né en 1973 au Rwanda, Bosco Ntaganda fait ses armes à 17 ans avec le Front patriotique rwandais (FPR), la rebellion de Paul Kagamé, après avoir vécu dans le Masisi, territoire de la province congolaise du Nord-Kivu où vit une importante communauté rwandophone.

Après l’épisode du Rwanda, où vivent encore ses deux épouses et ses sept enfants, Bosco Ntaganda retourne au Congo avec quelques officiers rwandais pour soutenir une autre rébellion : l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila contre le ditacteur Mobutu, avec l’aval de Kigali.

Le Mouvement rebelle M23

Au début des années 2000, alors qu’il est membre des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC),  il est soupçonné d'avoir commis ses pires atrocités. Il prend alors le surnom de “Terminator”. Mais en 2007, lui ainsi que plusieurs autres miliciens sont intégrés dans l’armée congolaise, en prélude d’un accord de paix signé finalement le 29 mars 2009 entre Kinshasa et la rebellion du Congrès national pour la défense du peuple de Laurent Nkunda, qui sévit dans la région du Kivu. Il est même nommé général malgré les protestations de la communauté internationale.

Mais en 2012, il déserte l’armée congolaise, rappelle Jeune Afrique, pour prendre la tête du Mouvement M23 accusé de crime de guerre dans le Nord-Kivu, selon l’ONG Human Right Watch. Sur le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI depuis 2006, le 18 mars 2013, il se rend à l’ambassade des États-Unis de Kigali et demande lui-même son transfèrement à La Haye. Selon des observateurs, il craignait sans doute pour sa vie.

Son jugement sera au cœur de l'attention après l'acquittement surprise, par la chambre d'appel de la CPI, en juin, du Congolais Jean-Pierre Bemba. Il avait été condamné en première instance à 18 ans de prison pour des crimes commis par ses troupes en Centrafrique.