Vu de l’étranger. Avec la SNCF, la France s’attaque à “la mère des réformes”

Le gouvernement a annoncé, lundi 26 février, sa volonté de réformer par ordonnances la société ferroviaire et le statut des cheminots. Ce choix de l’épreuve de force intrigue la presse étrangère.
Le gouvernement a annoncé, lundi 26 février, sa volonté de réformer par ordonnances la société ferroviaire et le statut des cheminots. Ce choix de l’épreuve de force intrigue la presse étrangère.

“Le ton est volontaire, mais derrière son pupitre, à Matignon, les mains d’Édouard Philippe s’agitent ce lundi dans tous les sens, trahissant la nervosité extrême du Premier ministre. Le chef du gouvernement s’attaque à ‘la’ mère des réformes, celle qui imprimera le devenir du quinquennat. Celle qui pourrait presque faire passer celle du marché du travail pour de la roupie de sansonnet.” Pour le journal belge Le Soir, l’annonce de la réforme de la SNCF par l’exécutif constitue clairement “un moment clé du quinquennat”.

Car le gouvernement a choisi de réformer par ordonnances, méthode qui permet de légiférer plus rapidement en limitant le pouvoir des parlementaires. L’objectif est d’aboutir à un changement des règles dès l’été prochain et de préparer la SNCF à la concurrence au plus tôt. Ainsi, le gouvernement a opté pour “le bras de fer”, comme le titre la Süddeutsche Zeitung ce mardi matin.

Les syndicats prêts à se battre pour “leur dernier bastion”

La fin d’un statut spécial pour les nouveaux embauchés se trouve “au cœur du projet du gouvernement”, pointe le quotidien allemand. Ce statut des cheminots qui fait d’ailleurs partie “du ‘top ten’ des polémiques françaises”, selon Le Soir. “L’enterrement des avantages sociaux dont disposait le personnel de la SNCF, et pour le maintien desquels les syndicats se battent depuis des décennies, est officiellement prononcé”, constate le quotidien suisse Le Temps.

“Désormais, la volonté de passer en force est affichée”, poursuit le journal de Lausanne. La presse européenne s’attend à un conflit social d’envergure entre le gouvernement et les syndicats, “dont la SNCF et les services publics constituent les derniers bastions”, estime la Süddeutsche Zeitung.

“Avec les voies de chemin de fer, les syndicats ont accès à un moyen de transport essentiel et par conséquent un énorme moyen de pression”, relate le journal allemand, qui précise que les tentatives de réformes des anciens gouvernements ont généralement abouti à “de petites concessions et des grandes grèves”. The Irish Times rappelle de son côté qu’une réforme similaire avait été envisagée par Alain Juppé en 1995, “et 2 millions de personnes s’étaient retrouvées dans la rue pour paralyser le pays”.