Le président sud-africain bientôt poussé vers la sortie ?

Le congrès de l’ANC, parti au pouvoir en Afrique du Sud, s’est achevé mercredi 20 décembre. Après l’élection à sa tête de Cyril Ramaphosa, rival du chef d’État Jacob Zuma, la presse sud-africaine estime que ce dernier pourrait être écarté avant la fin de son mandat en 2019.
Le congrès de l’ANC, parti au pouvoir en Afrique du Sud, s’est achevé mercredi 20 décembre. Après l’élection à sa tête de Cyril Ramaphosa, rival du chef d’État Jacob Zuma, la presse sud-africaine estime que ce dernier pourrait être écarté avant la fin de son mandat en 2019.

“À l’assaut de Zuma”, titre en une The Star ce jeudi 21 décembre, au lendemain de la clôture de la conférence du Congrès national africain (ANC). 51,9 % des quelque 4 800 délégués ont élu Cyril Ramaphosa nouveau président du parti au pouvoir, face à la candidate soutenue par Jacob Zuma, Nkosazana Dlamini-Zuma.

“La tentation est de plus en plus grande dans toutes les franges du parti de ‘démettre’ Zuma afin de chasser le spectre d’un pouvoir à deux têtes et d’accroître les chances de l’ANC de conserver le pouvoir en 2019”, raconte le quotidien de Johannesburg. Ses sources indiquent que des discussions à l’intérieur du parti sont déjà en cours pour révoquer Jacob Zuma de son poste de chef d’État.

Le même sort que l’ex-président Thabo Mbeki ?

Le deuxième et dernier mandat de Jacob Zuma doit s’achever en 2019, année où se tiendront des élections législatives, pour lesquelles l’ANC présente traditionnellement son président comme tête de liste. Si l’ANC remporte le scrutin – comme c’est le cas depuis 1994 et la chute du régime ségrégationniste blanc de l’apartheid –, Cyril Ramaphosa deviendra le nouveau président d’Afrique du Sud.

“Un ancien député de l’ANC dont le rôle a été central dans la campagne de Nkosazana Dlamini-Zuma se dit quasi certain que Zuma ne va pas aller jusqu’au bout de son mandat en 2019”, explique The Star.

Il y a de fortes chances que Jacob Zuma connaisse le même sort que l’ancien président Thabo Mbeki [ce dernier avait démissionné de la présidence du pays, neuf mois après l’élection de Jacob Zuma en 2007 à la tête de l’ANC] et soit révoqué.”

Pour le quotidien économique Business Day“la possibilité de la démission de Zuma doit être envisagée de toute urgence en raison de la proximité des élections générales de 2019 et des scandales qui ont ponctué ses dix années de mandat”. Au pouvoir depuis 2009, Jacob Zuma, a un bilan médiocre selon les observateurs, et est mis en cause dans plusieurs affaires de corruption.

“Le parti dirigé par Cyril Ramaphosa se doit également d’agir contre Zuma pour regagner la confiance des investisseurs et empêcher que la note souveraine du pays ne soit encore dégradée [par les agences internationales]”, juge le journal proche des milieux d’affaires.

Outre son président, les délégués de l’ANC ont également choisi la nouvelle composition de leur comité national exécutif (NEC), l’organe décisionnaire du parti. “La répartition du pouvoir [entre les membres des factions Ramaphosa et Dlamini-Zuma] est quasiment [à 50/50], précise le site d’informations The Daily Maverickmais il est possible que le NEC commence à pencher légèrement en faveur de Ramaphosa dans les prochaines semaines vu la façon dont vont les choses”.

Si l’hebdomadaire Mail & Guardian se montre optimiste en estimant que Ramaphosa, qui a fait de la lutte contre la corruption un de ses thèmes de campagne, dispose d’une légitimité et d’une majorité pour “agir contre Zuma”The Star demeure toutefois prudent :

Ramaphosa risque de se heurter à une résistance farouche de la part des alliés de Zuma […] [L’un d’eux] a prévenu que toute démarche visant à révoquer Zuma serait considérée comme une purge, ce qui diviserait encore plus l’ANC.”