En descendant le fleuve Congo, un reportage exceptionnel

Durant sept jours, un journaliste allemand a embarqué sur l’une des barges qui sillonnent le fleuve Congo, axe fluvial mythique du continent africain. Son voyage est un périple captivant dans la géographie et l’histoire de la République démocratique du Congo. Un récit à découvrir sur notre site.
Durant sept jours, un journaliste allemand a embarqué sur l’une des barges qui sillonnent le fleuve Congo, axe fluvial mythique du continent africain. Son voyage est un périple captivant dans la géographie et l’histoire de la République démocratique du Congo. Un récit à découvrir sur notre site.

“Ne trébuche pas. Ne sois pas arrogant. Ne te lie pas avec la femme d’un autre.” Tels sont les trois conseils qu’un matelot du Nathasha Belle adresse au journaliste allemand Bernd Dörries avant qu’il monte à bord pour naviguer sur le fleuve Congo.

“Je devrais y arriver”, songe ce dernier, l’un des correspondants en Afrique de la Süddeutsche Zeitung. À bord, il ne va pas croiser seulement des membres de l’équipage, des commerçants, des prostituées, un voleur et un pasteur angoissé : c’est tout un pays qu’il va découvrir, une contrée immense que seul le fleuve permet de traverser, un vaste territoire qui porte encore les cicatrices de la colonisation belge.

Son récit est à retrouver sur le site.

“Un voyage au pays des émotions”

Le bateau Nathasha Belle compose “un petit pays” en soi, assure son capitaine, Philipe Yatshi. “C’est mon pays, et c’est moi le président. Et je gouverne mon pays mieux que l’autre président, là-bas [à Kinshasa]. À terre, c’est l’injustice et le chaos. Ici, à bord, tout est en ordre.” Les quatre barges qui composent l’embarcation croulent sous le poids des marchandises, des conteneurs, des voitures et des passagers. Mais comme à terre, débrouille et système D font loi. La République démocratique du Congo est l’un des pays les plus pauvres de la planète, marqué par une corruption endémique.

Bernd Dörries croque ses compagnons de voyage avec curiosité et humanité. Il raconte le quotidien de la vie à bord, la répartition de l’espace, l’organisation, les aléas du périple. Son reportage, plein de vie et de détails, est un vrai plaisir de lecture. Il redonne toutes ses couleurs au fleuve Congo, un axe fluvial que les Européens croient souvent, à tort, entouré de “ténèbres” – la faute au titre mal compris du célèbre ouvrage de Joseph Conrad sur les atrocités de la colonisation belge, Au cœur des ténèbres, paru en 1899.

“C’est un voyage au pays des émotions, écrit le journaliste. Il y a l’euphorie, quand, au matin, le soleil illumine le fleuve encore brumeux. Il y a les moments de doute, quand le capitaine navigue la nuit sans lumière, à l’aveugle : était-ce vraiment une bonne idée d’embarquer ? Et il y a l’incroyable ennui. Les heures et les heures passées à jouer aux petits chevaux avec des compagnons de voyage alors que, de nouveau, le bateau n’avance plus. Nous n’avons aucun refuge, aucun espace privé, nous sommes tous dans le même bateau.”