Comment les photos historiques de l’Afrique du Sud sont pillées

Après la mort de l’icône sud-africaine Winnie Madikizela-Mandela le 2 avril, des clichés historiques ont été utilisés sans l’autorisation de leurs auteurs. Le Mail & Guardian a tenté de retrouver ceux qui revendent frauduleusement et impunément les droits de ces photos.
Après la mort de l’icône sud-africaine Winnie Madikizela-Mandela le 2 avril, des clichés historiques ont été utilisés sans l’autorisation de leurs auteurs. Le Mail & Guardian a tenté de retrouver ceux qui revendent frauduleusement et impunément les droits de ces photos.

Après la disparition de la militante contre l’apartheid Winnie Madikizela-Mandela, le Mail & Guardian a constaté“la recrudescence de l’utilisation non autorisée d’images prises par un nombre très restreint de photographes, qui avaient accès à l’intimité des Mandela”.

L’hebdomadaire sud-africain cite ainsi le cas de la photographe française Émilie Chaix, “un imposteur” qui vend les droits de photographies de Winnie Mandela et de Nelson Mandela sous l’apartheid.

“Le Mail & Guardian a retrouvé Émilie Chaix. Il semble que son mode opératoire consiste à parcourir les musées du monde entier et à rentrer en France pour organiser un commerce sauvage et lucratif de souvenirs et de photographies historiques.”

Mais la Française, qui vendrait ainsi des photographies de photographies, s’est mise aux abonnés absents lorsque le journal l’a contactée par téléphone.

Plusieurs médias prennent des libertés

L’héritage des photographes noirs sud-africains est régulièrement “pillé, volontairement ou non, par des agences de presse de renom tels que Gallo, Getty ou l’AFP”, constate le journal. Dans son enquête, le Mail & Guardian épingle certaines banques d’images, parfois peu regardantes sur l’origine des clichés historiques qu’elles proposent à leurs clients.

Les médias sud-africains ne sont pas en reste, puisque l’hebdomadaire local Sunday Times est également accusé d’avoir pris quelques libertés avec les droits de certains photographes sud-africains.

“Cela est exacerbé [en Afrique du Sud], car […] le droit d’auteur n’a pas besoin d’être enregistré, sauf dans le cas de films de cinéma”, relève un avocat cité par le Mail &Guardian. Le débat est effectivement récurrent dans le pays, et les photographes rencontrés par le journal, ou leurs héritiers, apparaissent bien désemparés pour faire valoir leurs droits sur ces clichés d’une autre époque.