Cinquante ans après, peut-on répliquer Mai 68 ?

“En France, on manifeste comme on fait du théâtre, écrit la BBC. Et à l’approche du 50e anniversaire de Mai 68, visiblement, c’est reparti : on dépoussière les accessoires, on apporte les dernières touches aux décors, et les acteurs révisent leur texte.”

Le site du groupe audiovisuel britannique égrène les mouvements de colère à l’œuvre en France : facs occupées contre la réforme de l’université, grève “perlée” à la SNCF, affrontements à Notre-Dame-des-Landes. Sans oublier les grèves à Air France et dans les Ehpad.

“Certes, toutes ces mobilisations […] auraient certainement eu lieu quoi qu’il arrive. Mais l’anniversaire de 1968 vient leur insuffler le vent de l’histoire et raviver l’idéal du grand rassemblement, de la convergence des luttes* qui motivait tant les manifestants d’alors.”

Cependant, entre mai 1968 et mai 2018, la BBC voit une différence de taille. À l’époque, “les étudiants allaient dans le sens de l’histoire : les temps changeaient, et ils étaient les acteurs de ces changements. […] À l’inverse, les étudiants d’aujourd’hui sont pessimistes, car ils ont le sentiment de ne pas vivre au bon moment.” Les étudiants qui occupent les facs, par exemple, “n’appellent pas au changement, mais à la sauvegarde de l’existant”.

Les étudiants d’aujourd’hui “arrivent à la toute fin d’un cycle historique, et non à son apogée trépidant. Contrairement à leurs prédécesseurs de 1968, ils ne rencontrent pas vraiment d’écho dans le reste de la société. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est jouer leur rôle – mais ils connaissent mal leur texte, il n’y a pas de metteur en scène, et le théâtre est presque vide.”