Yougoslavie-Zaïre 1974 : l’équipe de Mobutu se met en grève

En 1974, le Zaïre met le frein à main face à la Yougoslavie, protestant contre l’absence de versement des primes retenues par le général Mobutu. Résultat : l’un des plus gros cartons de l’histoire du Mondial.
En 1974, le Zaïre met le frein à main face à la Yougoslavie, protestant contre l’absence de versement des primes retenues par le général Mobutu. Résultat : l’un des plus gros cartons de l’histoire du Mondial.

Le match a débuté depuis 20 minutes quand le gardien zaïrois Kazadi Muamba quitte la pelouse du Parkstadion de Gelsenkirchen. Le meilleur gardien africain n’est pas blessé et n’a rien demandé à personne. C’est le choix de son entraîneur, Blagoje Vidinic. Le sélectionneur du Zaïre, ex-gardien de la Yougoslavie, en est persuadé : Kazadi Muamba a mis sa menace à exécution et est bien… « en grève des arrêts » !

Le portier du Tout Puissant Mazembe, le club de Lubumbashi (la troisième ville de la République démocratique du Congo), a déjà été chercher trois fois le ballon au fond de ses filets. Sur le premier et sans doute le deuxième but, sa bonne volonté n’est effectivement pas flagrante. Pour autant, elle ne dépare pas avec le reste de l’équipe. « On ne voulait pas jouer ce match. On marchait sur le terrain. Visionnez les images, vous verrez », confirme l’attaquant Mayanga Maku. La vidéo est effectivement assez probante. Au final, les Zaïrois, avec un nouveau gardien, encaissent 9 buts face à des Yougoslaves certes plus forts mais bien aidés par cette passivité de circonstance.

L’addition est salée. Trop sans doute pour les vainqueurs de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) et équipe aux qualités reconnues. Mais elle est historique car elle est le fruit d’un mécontentement organisé, d’une grève des crampons inédite. Si les Congolais, eux, sont bien descendus du bus, c’est pour prendre la planète à témoin sur le traitement qui leur est réservé. Ou plutôt l’absence de traitement. Au-delà du prestige et de l’honneur d’une participation au Mondial, chaque pays reçoit une prime dite « de qualification » versée par la FIFA. Cette dernière est adressée à la fédération du pays chargée (ou pas) de la redistribuer. « Ils nous avaient dit qu’on recevrait chacun une prime après le premier match contre l’Écosse, mais on n’a rien eu, alors qu’on savait que l’argent avait été versé », raconte Mayanga Maku. La somme en question (800 000 deutsche...