Vu du Burkina Faso. “Bons baisers d’un pays de merde, Monsieur Trump”

La presse africaine est remontée après les propos de Donald Trump qualifiant les États du continent de “pays de merde”. Au Burkina Faso, les éditorialistes dénoncent un “président de merde” en admettant toutefois que certaines vérités doivent être dites aux potentats africains.
La presse africaine est remontée après les propos de Donald Trump qualifiant les États du continent de “pays de merde”. Au Burkina Faso, les éditorialistes dénoncent un “président de merde” en admettant toutefois que certaines vérités doivent être dites aux potentats africains.

C’est seulement ce lundi 15 janvier que les éditorialistes des journaux du Burkina Faso, réputés sur le continent africain pour leurs analyses et leur franc-parler, ont pu exprimer leur colère trois jours après les propos polémiques du président américain.

“Ce maudit pitre imbu”

“À Mister Trump : bons baisers d’un pays de merde”titre ainsi aujourd’hui L’Observateur Paalga“Que l’Afrique, dont il sait à peine sur quelle planète elle se trouve, ne soit pas la priorité de ce maudit pitre imbu de sa personne, on veut bien”, commente le quotidien de Ouagadougou, “mais avait-il besoin d’être aussi méprisant vis-à-vis de ce berceau de l’humanité de 1,3 milliard (17 % de la population mondiale) d’hommes et de femmes ?”

L’éditorialiste ne se prive pas de donner une leçon d’histoire à Donald Trump :

A-t-on besoin de lui rappeler que ce sont des millions et des millions d’enfants de cette Afrique, arrachés à la terre de leurs ancêtres par ce crime contre l’humanité qu’est l’esclavage, qui ont en grande partie fait de son ‘America first’ cette puissance économique qu’elle est de nos jours ? A-t-on besoin de lui apprendre que des descendants d’esclaves ont contribué à l’érection de cette fameuse Maison-Blanche, qu’il souille chaque jour que Dieu fait de ses extravagances ?”

“Irresponsableet répréhensibles” (Botswana), “offensants” (Afrique du Sud), les mots de Trump ont suscité de nombreuses réactions chez les dirigeants africains, à qui le journal Le Pays “rend hommage […] pour avoir eu le courage et la lucidité d’exprimer haut et fort leur colère face aux excès de l’homme le plus puissant du monde”.

“Cela dit, les propos de Donald Trump sont certes blessants pour l’Afrique et pour la race noire”, note le titre ouagalais, “mais quelque part, il faut avoir la lucidité de reconnaître que certains dirigeants africains, par leur gouvernance nauséeuse et leur insouciance maladive, ont apporté des verges au chef de la Maison-Blanche pour fouetter l’Afrique”.

Une certaine vérité

Le journal rappelle toutefois que “l’Oncle Sam a contribué activement, dans certains de ces pays, à ajouter de la merde à la merde par son soutien avéré, pour des raisons géostratégiques, à certains potentats africains”.

Même son de cloche pour Wakat Séra, qui, s’il qualifie l’élection de Donald Trump à la tête des États-Unis de “grosse erreur de l’Histoire”, ne désapprouve pas pour autant le sens du message. “Donald Trump, même s’il doit être combattu avec la dernière vigueur pour ses propos condescendants, racistes et homophobes, n’a pas tort de dire la vérité, qui, dit-on, ne casse pas les yeux, même si elle les rougit”, estime le site d’information burkinabé.

“Sur quel continent des chefs d’État obnubilés par le pouvoir à vie ou patrimonial rendent tout changement impossible et contraignent leurs populations à l’obscurantisme et aux grèves et manifestations réprimées dans le sang ?”