Congo-Brazzaville: le ministre des Hydrocarbures dans la tourmente

Au Congo-Brazzaville, le président de la Commission nationale de lutte contre la corruption Lamyr Nguelé a dans un rapport rendu public le 31 juillet dénoncé les détournements de fonds publics orchestrés par le ministre des Hydrocarbures Jean-Marc Thystère-Tchicaya, notamment entre 2015 et 2017.
Au Congo-Brazzaville, le président de la Commission nationale de lutte contre la corruption Lamyr Nguelé a dans un rapport rendu public le 31 juillet dénoncé les détournements de fonds publics orchestrés par le ministre des Hydrocarbures Jean-Marc Thystère-Tchicaya, notamment entre 2015 et 2017.

« Le ministre a bel et bien été le donneur d’ordres », affirme Lamyr Nguelé. Pour nombre d'observateurs étrangers et même des hommes politiques du sérail contactés, ces accusations ne tiennent pas. « Quand on parle de pétrole et de gros sous, rien ici ne peut être fait sans l'aval du président Denis Sassou-Nguesso lui-même et de son fils Christel », dit l'un d'eux.

Jean-Marc Thystère-Tchicaya – toujours en poste – a évoqué « une attaque personnelle ». Dans une lettre adressée au Premier ministre et relayée par la presse locale, Jean-Marc Thystère-Tchicaya exprime sa « surprise » et regrette le non-respect de la « présomption d'innocence » par la Commission nationale de lutte contre la corruption. « L'interprétation des faits qui ont été communiqués aux médias ne reflètent pas la vérité », dénonce le ministre des Hydrocarbures.

Une source au sein du PCT, le parti au pouvoir, confirme que l'attaque est politique. Jean-Marc Thystère-Tchicaya a fortement relancé les activités du Rassemblement pour la démocratie et le progrès social (RDPS), le parti créé par son père Jean-Pierre Thystère-Tchicaya, qui a été maire de Pointe-Noire et président de l'Assemblée nationale.

Pour les observateurs, le RDPS et Jean-Pierre Thystère-Tchicaya ont toujours été cantonnés au Kouilou et Pointe-Noire. L'histoire de Jean-Pierre Thystère-Tchicaya est liée à celle de Denis Sassou-Nguesso, alliance un jour, et promesses non tenues un autre. Au sein du RDPS, on assure que c'est l'homme politique qu'on veut abattre.

Le ministre Jean-Marc Thystère-Tchicaya aurait des ambitions pour 2021, la présidentielle, croit-on à Brazzaville. « Il commence à prendre trop de place et à faire peur, c'est un ancien de Total et on le soupçonne d'avoir dans sa poche les pétroliers de Pointe-Noire » murmure-t-on. Des membres du PCT ne cachent pas qu'il gênerait Denis-Christel Sassou-Nguesso, le fils du président, qui a récemment déclaré qu'il pourrait faire acte de candidature en 2021.